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Libération
TRIBUNE

L’épée des islamistes sous les sables du désert

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par Tahani Khalil Ghemati, Architecte libyenne et suisse
publié le 15 juillet 2012 à 19h06

Un samedi 7 juillet pas comme les autres à Tripoli. Le numéro au code familier s’affiche sur mon portable. A quelques kilomètres de Beyrouth, le cri euphorique et ému de mon amie d’enfance. J’ai voté pour la première fois de ma vie. A 50 ans. La rue est en fête. C’est le bal des drapeaux rouges, noirs et verts au croissant étoilé. La place des Martyrs est envahie par les danseurs déhanchés. Une folle sarabande dans un ciel redevenu bleu turquoise.

Des index souriants levés à l’encre imprimée. Les voiles colorés frôlent les cheveux de jais détachés. Les éclopés de guerre s’appuient sur leurs béquilles. Les klaxons se déchaînent en une cacophonie joyeuse. Une victoire encore fragile. Des incertitudes sur des lendemains animés de méfiance. Un homme libéral diagnostiqué vainqueur. Je remballe l’émotion qui me submerge et la tristesse de n’avoir pu y aller. Je suis une spectatrice à la plume dégainée depuis le 17 février 2011, date de la révolution libyenne. Je redécouvre un pays débordant d’espoirs et de projets à la reconstruction rapide. Assez de temps perdu. L’épée des islamistes, effrayante et médiatisée à outrance, est en passe d’être recouverte par les sables du désert. C’est décidé, la Libye ne sera pas comme les autres.

Les Libyens n’ont aucune leçon d’islam à recevoir de quiconque. Islamiser des musulmans fait hurler de rire dans toutes les maisons tripolitaines. Les parias du Bassin méditerranéen affichent leur différence à la surprise des pays voisins enlisés chaque jou