C’est un vieillard solide de 97 ans, un retraité à l’apparence distinguée que l’on voyait faire ses courses dans un centre commercial de Budapest. Une vie anodine pour un criminel nazi recherché partout. Le Hongrois Laszlo Csizsik-Csatary figure en tête de la liste des tortionnaires hitlériens traqués par le centre Simon-Wiesenthal en Israël. Un primat dû surtout au fait d’être l’un des derniers encore vivants.
Ancien chef de police du ghetto juif à Kassa (aujourd'hui Kosice, en Slovaquie) pendant la Seconde Guerre mondiale, il a participé à la déportation de 15 700 juifs hongrois à Auschwitz. Presque tous y furent exterminés. En septembre 2011, le centre Simon-Wiesenthal a transmis un dossier sur Csatary au parquet de Budapest. Mais, pendant ces dix mois, rien ne s'est passé, ou presque. «Le parquet a ouvert une enquête», assure le cabinet du Premier ministre, Viktor Orbán. Le bureau du procureur en souligne toutes les difficultés : «Ces événements se sont produits il y a soixante-huit ans. Nous essayons de retrouver des témoins qui seraient encore en vie.»
Mais personne n'a trouvé le temps de convoquer le suspect. Il faut dire que la droite conservatrice de Viktor Orbán restaure allègrement les symboles du régime Horthy, régent autoritaire de l'entre-deux-guerres et allié de Hitler. Un régime qui participa à la destruction d'un demi-million de juifs hongrois. Dans une telle atmosphère politique, les juges marchent sur des œufs. Si quelqu'un a bien retrouvé