Ce lundi 9 juillet, 520 corps traversent les rues de Sarajevo. Ceux des hommes victimes du génocide de Srebrenica, formellement identifiés au cours de l’année. Assassinés parce que Bosniaques, donc musulmans, ces frères en humanité seront enterrés au mémorial de Potocari le surlendemain, jour des commémorations. Les camions bâchés qui transportent les cercueils recouverts d’un simple tissu vert s’arrêtent sur l’avenue Marsala Tita. Les Sarajeviens sont nombreux à les y attendre sous un soleil de plomb. Vieilles femmes discrètement voilées ou jeunes filles aux légères tenues d’été, hommes de toutes générations, tous se figent. La foule, immense de dignité, s’approche pour accrocher des fleurs rouges aux camions, en donner aux chauffeurs. La scène, silencieuse, dure près d’une demi-heure. Lorsque le convoi reprend sa route, les yeux sont embués d’une émotion contenue. Puis chacun reprend son chemin et réinvestit la ville.
En Bosnie-Herzégovine, le douloureux passé de la guerre, du siège de Sarajevo et de l'épuration ethnique fait partie du présent. Si les nationalistes n'ont pas les moyens de leurs ambitions meurtrières, la situation actuelle est par de nombreux aspects la continuation de la guerre par d'autres biais. Les accords de Dayton ont sanctuarisé l'inique conquête militaire des nationalistes serbes, celle-là même qui s'était accompagnée d'épuration ethnique, en créant la «Republika serbska». Les partis politiques dominants sont ceux qui étaient déjà en place durant la