Il déteste les circonvolutions du langage diplomatique autant que les cravates. En visite officielle pour trois jours en France, où il vécut dix ans réfugié, Moncef Marzouki, premier président de la Tunisie démocratique, garde le col ouvert et le goût du parler vrai. «Maintenant que la Tunisie a rejoint le club des pays démocratiques, nous parlons le même langage», explique l'ancien responsable de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, qui s'est entretenu hier matin avec un petit groupe d'éditorialistes. La veille au soir, le fondateur du Congrès pour la République, force laïque alliée des islamistes modérés d'Ennahda, rencontrait le chef de l'Etat français, qui lui a assuré que Paris appuyait la Tunisie dans son processus de transition, ainsi que pour la reconversion de la dette tunisienne et la récupération des avoirs «captés» par le clan Ben Ali qui ne se trouvent pas en France. Tout ce que le président tunisien a demandé est «possible», et les relations Paris-Tunis connaissent un nouveau départ.
«Lignes rouges». «Avec François Hollande, il n'y a pas le passif psychologique qu'il y avait avec Nicolas Sarkozy en raison de ses positions initiales face à la révolution, qui ont laissé des traces indélébiles», explique l'ancien opposant, qui ne cache pas «la souffrance» ressentie pendant ses années en France «en voyant un Etat démocratique apporter son soutien à une dictature corrompue». Une politique aussi immor