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En Chine, le dico s’ouvre aux caractères sociaux

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publié le 22 juillet 2012 à 20h06

Les mots nouveaux en disent long sur les évolutions de comportement d'une société, comme en témoigne la toute dernière édition du dictionnaire Chine nouvelle. L'argent joue un rôle central en Chine avec l'apparition des mots baijin zhuyi («le culte de l'argent») et bang dakuan («se faire un max de thunes»), qui désigne entre autres les femmes qui pratiquent la chasse au millionnaire. La vénalité des charges est de retour avec mai guan («acheter un poste de fonctionnaire»).

A l'autre extrême de l'échelle sociale, le mot yi zu («tribu de fourmis») fait son entrée. Il a été inventé en 2009 par un chercheur pour désigner les diplômés qui triment dans les villes pour des salaires médiocres, et logent dans de minuscules chambres insalubres et souvent souterraines. «Ils vivent en tout point comme des fourmis, a expliqué Lian Si, l'auteur du mot, car ils évoluent en colonies, sont intelligents, travailleurs, et néanmoins anonymes et sous-payés.»

La classe moyenne se voit gratifier de l'expression fang nu («esclave d'appartement»), en raison des dettes énormes que les jeunes couples contractent pour acquérir un logement. Dans la même veine, naissent les mots «esclave de voiture» et «esclave de carte de crédit».

Jusqu'en 1980, les dictionnaires chinois étaient très politiques. La définition d'un mot aussi anodin que «vêtement» était assortie d'un exemple évoquant les «hardes des paysans pauvres suant sang et eau sous le j