Ce n'est pas le cadavre jeté sur un autre qui rend l'image étrange ! Les caméras filment désormais les cadavres en toute banalité. Mais ce trou rouge bien en évidence sur le derrière du corps choque. Un trou d'où fuit une ligne rouge. Ainsi a-t-il été tué ce jeune à Douma ! La balle a atteint précisément son trou anal ! J'ai cru au départ qu'il s'agissait d'une tache de sang. J'ai repassé la vidéo plusieurs fois. Mais comment l'œil du tueur a su viser avec tant de précision criminelle et de sadisme sauvage ? Une balle en plein derrière, voilà comment meurt un Syrien dans un des massacres commis par le régime à Douma, dont je connais bien les rues et dont les habitants ont manifesté dès le début du soulèvement pour la liberté. Ils ont porté les rameaux d'olivier et les slogans nationalistes pacifiques dans cette localité où les gens m'ont accueillie quand nous fuyions les forces de sécurité en avril 2011. Leurs fils ont été tués par les snipers lors des premières manifestations, mais ils ont tenu à rester pacifiques le vendredi qui a suivi la tuerie. J'étais étonnée de voir des parents dont les enfants avaient été tués parler de paix sans chercher la moindre vengeance. J'avais vu alors comment les hommes de la garde républicaine et les chabiha (nervis) se déployaient, puis la tuerie qui avait fait 11 morts et comment les gens de Douma se sont accrochés au pacifisme. C'était il y a plus d'un an.
Douma me revient aujourd’hui à travers les images de la télévision et les