Je me souviens de la crise.
Je me souviens des politiciens qui faisaient semblant de contrôler la situation alors qu’ils avaient autant la frousse que les figurants des films de Godzilla.
Je me souviens d’avoir souhaité être Godzilla.
Je me souviens d'avoir dit «la crise m'inquiète moins pour moi-même que pour mes enfants», en sachant pertinemment que c'était faux (elle m'inquiétait pour moi aussi).
Je me souviens de n’avoir entendu personne vouloir utiliser le mot sauvetage, même pour le sauvetage d’un pays en faillite.
Je me souviens de l’euro qui était toujours en danger et des Grecs qu’on accusait d’être plus tricheurs que les autres Européens.
Je me souviens d’avoir pensé que Christine Lagarde était le nom rêvé pour une marque de parfums.
Je me souviens d’avoir payé de plus en plus d’impôts, tout en sachant qu’ils ne servaient qu’à payer les dettes des banques que nous sauvions pour qu’elles continuent de nous faire payer leurs intérêts.
Je me souviens des manifestations du mouvement des Indignés et d’avoir constaté qu’ils étaient beaucoup moins indignés que nombre de concitoyens qui ne manifestaient pas.
Je me souviens d’avoir pensé que Mario Monti était le nom rêvé pour une marque de cravates.
Je me souviens d’avoir remarqué que la crise coïncidait avec les meilleures années du FC Barcelone et que les buts de Messi nous avaient aidés à mieux supporter cette période.
Je me souviens de la prime de risque : on nous avait dit que si elle atteignait les 400 points, l’Europe