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Libération
Reportage

L’islamiste libanais qui veut barrer la route au Hezbollah

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Un chef sunnite bloque la ville de Saïda pour forcer le parti chiite, affaibli par la crise syrienne, à rendre ses armes.
Cheikh Al Assir à Saïda, mardi dernier. Il fut, en 2011, le premier religieux libanais à manifester contre le régime d’Al Assad. (Photo Paul Assaker)
publié le 23 juillet 2012 à 22h16

C’est un cheikh très médiatique. Il aime donc se faire prendre en photo. On a pu le voir faisant de la bicyclette, prenant un bain de mer ou peignant frénétiquement une barbe grise qui doit approcher les 20 centimètres. Aujourd’hui, on parle de lui chaque jour sur les radios et télévisions libanaises. Non sans raison : à Saïda, il bloque avec ses partisans depuis bientôt un mois l’un des deux axes permettant d’accéder au sud du pays. Ce qui révolte cheikh Ahmed al-Assir, ce sont, dit-il, les armes du Hezbollah. Mais le conflit entre ce religieux sunnite et le parti chiite s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la guerre larvée entre ces deux branches rivales de l’islam.

Chameau. D'ailleurs, ce qui a d'abord incité cheikh Al-Assir à se révolter, c'est une comparaison malheureuse faite l'année dernière par le Parti de Dieu à propos de la bataille du chameau qui, en décembre 656, près de Bassora (dans l'actuel Irak), a déchiré le monde musulman. Première guerre fratricide, elle annonce la division irrémédiable de l'islam entre chiites et sunnites. On y retrouve, d'un côté, Ali, le gendre et cousin de Mahomet, vénéré par les premiers, et de l'autre, Aïcha, la femme préférée de ce dernier, celle qu'il épousa, selon la tradition, quand elle n'avait que 6 ou 7 ans. Or, dans la foulée des événements de Syrie, le numéro 3 du Hezbollah, Mohammed Yazbek, s'était permis de comparer Ali à Bachar al-Assad, qu'il soutient, et les partisans d'Aïcha aux Américains et au