C’est dans le plus grand Palais de justice d’Europe, inauguré en mars 2011, au palais de Caglayan, à Istanbul, que s’est ouvert, le 16 juillet, le procès des avocats poursuivis pour avoir assuré la défense d’Abdullah Öcalan, chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), détenu dans l’île-prison d’Imrali depuis 1999 : 46 avocats, dont 36 détenus, un journaliste et trois membres de leur personnel se trouvent sur le banc des accusés.
C’est pourtant dans une petite salle, de quelques dizaines de sièges, que les audiences se sont déroulées, en présence d’une forte mobilisation de la gendarmerie et des policiers. Aussi, les familles des accusés détenus depuis plus de huit mois, les avocats étrangers (notamment français), mobilisés dans le cadre d’une mission d’observation et venus manifester leur solidarité auprès de leurs confrères, les parlementaires du Parti de la paix et de la démocratie (BDP, prokurde) et les quelques journalistes n’ont pu tous accéder à cette salle, pleine à craquer et suffocante. Pis encore, de nombreux avocats de la défense ont dû s’asseoir à même le sol, au pied du tribunal. Piètre et triste image de la justice mais image fidèle et conforme de la place accordée en Turquie au droit de la défense, en général, et dans cette cour, en particulier.
Certes, il ne s’agit plus, depuis 2004, des tristement célèbres cours de sûreté de l’Etat (DGM), longtemps en charge des procès politiques et/ou collectifs, dépendantes et partiales, avec la présence affichée d’un