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Libération
Reportage

La Syrie, nouvelle terre du jihad ?

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Dans la région d’Alep, les salafistes, autrefois discrets, ont pris le contrôle d’un poste-frontière et gênent l’Armée syrienne libre.
Des combattants de la «guerre sainte» à l’entraînement, près d’Alep, le 19 juillet. (PHOTO BULENT KILIC. AFP)
publié le 3 août 2012 à 19h46

Dans une autre vie, avant la révolution, Mohammad Sensaoui était professeur de natation et, à ses heures perdues, acupuncteur. Il était aussi un islamiste radical, un salafiste. «Personne ou presque ne le savait. Le régime nous réprimait. J'étais obligé de me raser la barbe», raconte-t-il. Aujourd'hui, Mohammad Sensaoui, 40 ans environ, ne se cache plus. Il a une longue barbe noire striée de poils gris. Il porte une veste de treillis et ne quitte pas sa kalachnikov. Après avoir combattu le régime de Bachar al-Assad à Damas, la capitale, il est devenu l'un des commandants de la «choura des moudjahidin», un groupe de rebelles islamistes du nord-ouest de la Syrie. En ce début d'après-midi, il est assis sur un vieux matelas adossé à un bâtiment en construction. A quelques mètres, la route est barrée par un muret de parpaings et de rochers. Une porte métallique renversée fait office de barrière coulissante. Elle marque l'entrée du poste-frontière de Bab el-Hawa («la porte du vent», en arabe) qui sépare la Syrie de la Turquie. Une centaine de combattants islamistes en ont pris le contrôle le 20 juillet. Les autorités turques ont fermé l'accès quelques jours plus tard avant de le rouvrir. Des jeunes au front ceint d'un bandeau noir, où est inscrit en lettres blanches «Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète», contrôlent les quelques véhicules qui veulent passer en Turquie.

«Nous avons supprimé les droits de douane, car Dieu interdit de faire payer