La Corée du Nord, dont l'économie est à bout de souffle depuis deux décennies, paraît pour la première fois sérieusement décidée à entreprendre des réformes. Kim Jong-un, l'héritier du régime stalinien, a appelé vendredi, dans un document officiel, à «bâtir un pays prospère». Le jeune Kim, âgé de 27 ou 28 ans, a implicitement rejeté la politique de «primauté à l'armée» de son père - parvenu au prix d'énormes sacrifices à doter son pays de la bombe atomique en 2006. «Le développement de l'économie et l'amélioration des conditions de vie, destiné à apporter le bonheur et la civilisation à la population, est l'objectif du Parti des travailleurs [le parti communiste de Corée du Nord, ndlr]», a déclaré jeudi Kim Jong-un à une délégation chinoise en visite à Pyongyang.
Zoo. La Chine, unique allié du régime de Pyongyang, tente depuis une douzaine d'années de convaincre son voisin que les réformes économiques sont indispensables pour pérenniser la dictature. Pékin a fait visiter plusieurs fois les zones économiques chinoises au «Cher Leader», feu Kim Jong-il. Convaincu qu'une ouverture vers l'extérieur mettrait la dynastie des Kim en danger, ce dernier a cependant toujours refusé, jusqu'à sa mort en décembre, de s'aventurer dans cette direction. A l'inverse, il a renforcé la répression contre une population écrasée par la famine (lire page ci-contre). La faim a emporté entre 1 et 2 millions d'habitants entre 1994 et 1998.