Le visage poupin, flottant dans son tee-shirt rouge, Mohamed Abdi, 14 ans, n'hésite pas un seul instant devant la dizaine de kalachnikovs posées contre le mur. Il reconnaît celle dont il se servait il y a encore quelques semaines, lorsqu'il combattait aux côtés des insurgés islamistes somaliens. «Un ami m'a convaincu de rejoindre les shebab, déclare-t-il d'une voix douce. Au début, j'étais réticent. Mais ensuite, on m'a dit que je me battrais pour la bonne cause, le jihad, et que j'allais éliminer les ennemis d'Allah.» Son visage s'anime soudain lorsqu'il évoque les entraînements pour apprendre à tirer au fusil-mitrailleur, au lance-roquettes ou à manier des grenades. Il ajoute, en esquissant un sourire : «J'aimais bien ça, je me sentais fort.»
Défection. Les shebab, qui ont revendiqué leur affiliation à Al-Qaeda, ont contrôlé la majeure partie du centre et du sud de la Somalie pendant deux ans. Mais, depuis l'année dernière, ils font face à une forte pression militaire de l'Amisom (force de l'Union africaine, composée d'Ougandais, de Burundais, de Kényans, de Djiboutiens et de Sierra-Léonais), mais aussi de l'armée éthiopienne, à l'ouest du pays. Ils se sont principalement repliés vers le port de Kismaayo, leur bastion, et une source importante de revenus. Ces défaites successives les ont contraints à intensifier les recrutements forcés, car un grand nombre de leurs troupes ont commencé à faire défection ou ont été arrêtées.
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