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New York. Le goût de la Pomme

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Un autre regard. Depuis quatre ans, Libération et l’Association pour l’aide aux jeunes auteurs (Apaj) organisent un concours de reportages sur le thème du voyage réservé aux moins de 30 ans, parrainé par Erik Orsenna. Le thème de l’année était «Portraits de villes», une approche personnelle et originale d’une cité, d’un quartier ou de ses habitants… (5/12)
par Stéphanie Van Den Hende
publié le 9 août 2012 à 19h06

Nous étions de ces enfants qui avalent goulûment et sans mâcher les VHS des Villes du monde de la collection Hachette dans les années 90. Des enfants nés dans des patelins perdus qui regardaient le monde à travers l'écran bombé et le tube cathodique de la vieille Philips familiale.

Chaque premier mercredi du mois, je guettais l'arrivée de ma mère par l'œil-de-bœuf de la lingerie en espérant la voir débarquer sur le pas de la porte avec au creux du bras un petit paquet marron contenant mon ultime précieux : un nouveau numéro des Plus Belles villes du monde. J'avais déjà regardé en boucle celui de Rome, d'Amsterdam, de Madrid, de Paris et le plus fascinant de tous, celui du Caire. Ah Le Caire, ville enchanteresse où l'on pouvait faire du chameau toute la journée et caresser de gros chats géants au nez cassé. J'avais bien évidemment choisi de devenir archéologue et Le Caire (qui n'appartenait alors dans mon esprit à aucun pays spécifique, si ce n'est un flou «Egypété») regorgeait de trésors qui n'attendaient plus que moi pour se révéler au monde. Un après-midi, cependant, elle poussa la porte avec le numéro de novembre : New York.

Notre magnétoscope était gris et d'énormes boutons de couleur à la Kandinsky étaient alignés sur la tranche, un drôle de perroquet plat dans lequel j'insérais tous mes trésors : Retour vers le futur II, la Petite Sirène et ma VHS du Caire donc. En ce mois de novembre 1991, c'est New York qui apparut dans le salon. Ma