Pas de trêve ramadanesque pour les débats politiques en Tunisie. Ce soir, après la rupture du jeûne, les citoyens sont appelés à manifester au centre de la capitale en ce jour férié où le pays commémore l’adoption, en 1956, du code du statut personnel (CSP). Un texte progressiste, inédit dans le monde arabe, qui révolutionne les relations familiales. Certes, l’époux reste celui qui se doit de subvenir aux besoins de la famille et, conformément aux principes de la charia, le fils hérite deux fois plus que la fille. Mais le CSP interdit aussi la polygamie, la répudiation et fixe un âge plancher pour le mariage.
Cinquante-six ans après l'adoption de ce texte fondateur, la mobilisation s'annonce importante, alors que les débats au sein de l'Assemblée constituante sur le statut de la femme ont suscité une vive polémique. Un article adopté en commission, sur proposition des islamistes d'Ennahda, stipule que l'Etat garantit ces droits et l'égalité des chances, mais évoque la «complémentarité» du rôle de la femme au sein de la famille. «Nous militons depuis des années pour une égalité totale, et voilà que surgit cette formulation réductrice, qui signe un retour en arrière», dénonce Meriem Zeghidi, de l'Association des femmes démocrates, l'une des organisations qui appelle à manifester. «Il n'y a pas de menace sérieuse, tranche la députée CPR (membre de majorité) Samia Abbou. La femme est présente dans tous les domaines, elle a ses droits, mais elle doit