Menu
Libération
TRIBUNE

Une certaine idée du printemps arabe…

Article réservé aux abonnés
Nos chers disparus (6/10). Le triple A français, France­ Soir, le Minitel, le centre... Ils nous ont quittés cette année. Tout comme MegaUpload , qui a quitté nos écrans, ou le care, disparu du débat politique au lendemain de la primaire socialiste. Objets ou idées, retour estival sur ces trépassés. In Memoriam.
publié le 12 août 2012 à 19h07

Le désenchantement était inévitable après l’illusion lyrique propre à tout début de révolution. Le printemps arabe - appelé ainsi en référence au printemps des peuples qui secoua l’Europe en 1848 - a provoqué de Rabat à Manama une onde de choc sans précédent depuis la décolonisation, voire depuis l’effondrement de l’Empire ottoman. En quelques mois, des dizaines de millions de personnes se sont libérées de régimes dictatoriaux calcifiés balayant divers Ceausescu des sables, tel Ben Ali ou Moubarak. Un slogan, «dégage !», a symbolisé la révolte d’une jeunesse de diplômés chômeurs descendant dans la rue au nom de la liberté, mais plus encore de la dignité. Partout, le mur de la peur s’est brisé mais ce mouvement épocal est pourtant loin d’avoir vu fleurir toutes ses promesses. Une certaine vision irénique du printemps arabe est en tout cas déjà morte, fracassée par des réalités un peu oubliées dans l’enthousiasme de voir enfin bouger un monde arabo-musulman resté à l’écart du grand mouvement de démocratisation de l’après chute du Mur.

Du Caire à Tunis en passant par Tripoli ou Aden, partout les difficultés s’accumulent sur les transitions vers une démocratie qui paraît bien lointaine pour des populations inquiètes de la débâcle économique et de l’explosion de l’insécurité. Les premières élections libres ont vu la victoire des partis islamistes, plutôt modernistes bien qu’ambigus, comme Ennahda en Tunisie, voire franchement réactionnaires, comme les Frères musulmans égyptiens. P