Le ciel de Goma grondait depuis plus de vingt-quatre heures, dans l’indifférence. Puis, ce matin, l’orage s’est abattu sur les maisons. A chaque éclair, les fenêtres tremblaient comme sous l’éclat des bombes. Sous des rafales de pluie, les rues se sont vidées et la ville s’est arrêtée de tourner comme si, d’un seul coup, on se souvenait d’une autre menace : l’arrivée des rebelles.
Le mouvement du M23, qui a fait défection de l’armée congolaise (FARDC) en avril, n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de la capitale régionale du Nord-Kivu. Mais les rebelles n’avancent plus, le ciel s’est éclairci et la vie a repris son cours. Seuls les villageois qui s’entassent aux abords de la ville portent le message de la guerre.
Ils seraient plus de 220 000, selon l’ONU, à avoir fui les combats depuis le mois d’avril. A Goma, 30 000 «déplacés» ont posé leur balluchon sur un terrain vague au pied du volcan. Ici, ils n’ont rien, sauf peut-être la sécurité. Le choléra se répand comme un feu de paille : Médecins sans frontières a installé trois tentes au milieu du camp et a dénombré 178 cas en moins de dix jours. Le week-end dernier, du matériel a dû être acheminé d’urgence pour se préparer au pire. «Compte tenu des conditions sanitaires, l'épidémie de choléra peut rapidement exploser», confie un médecin de MSF en poste à Goma.
Guerres. Derrière la petite clinique, Sylvie a étalé un morceau de tissu. A 62 ans, son corps fatigué dort à même le sol et sous la pluie. Elle a connu de n