Vu de loin, le barrage pourrait être l'un de ceux installés ces derniers mois par la rébellion dans le nord-ouest de la Syrie. Trois jeunes armés de kalachnikovs en guise de gardiens, quelques rochers au milieu de la route et une guérite en parpaings sur le bas-côté. Rien d'anormal, sauf ce drapeau accroché sur le toit du bâtiment. Ses couleurs - orange, blanc et vert - ne sont pas celles de la révolution syrienne, mais celles du Kurdistan. «Vous avez toujours votre check-point ?» demande, l'air faussement désinvolte, Abou Abdou, un responsable arabe de l'Armée syrienne libre (ASL) dans la région. «On l'a, on le garde !» répond l'un des jeunes, fusil en bandoulière. Ce barrage marque l'entrée dans le village kurde de Jandaris, à quelques kilomètres de la frontière turque et moins de dix de la bourgade sunnite d'Atmah.
Au delà, vers le Nord-Est, les villes qui se succèdent ne sont contrôlées ni par le régime de Bachar al-Assad ni par la rébellion. Elles sont gérées de façon indépendante, quasi-autonome, par leurs habitants, des Kurdes syriens. A Jandaris, les drapeaux ornés d’un soleil, identiques à ceux du Kurdistan irakien, se retrouvent aussi bien dans les jardins et sur les toits des maisons qu’aux frontons des bâtiments administratifs. Les tags du PKK et de sa branche syrienne, le Parti de l’union démocratique (PYD), sont courants.
«Médiateurs». «Nous avons planté notre drapeau à la mi-juillet, explique Maher Mourad, un représent