«Il n’y a plus aujourd’hui sur la table que de mauvaises solutions, beaucoup plus mauvaises qu’il y a encore quelques mois. Cette impasse découle en bonne part de ce qui n’a pas été fait en octobre 2011. L’expérience libyenne a totalement faussé la perspective sur la révolution syrienne. Surtout en France, qui avait été en pointe sur la reconnaissance du Conseil national de transition libyen (CNT) en mars 2011 et s’est interdit une reconnaissance du même type vis-à-vis du Conseil national syrien (CNS) qui, lors de sa formation, était pourtant plus représentatif, plus légitime et plus transparent que ne l’était le CNT à ses débuts. Mais on estimait qu’une telle reconnaissance pourrait ouvrir la voie à un engagement militaire - bien que ce même CNS s’opposait alors à toute intervention extérieure.
«Ce raisonnement erroné a accéléré les tendances centrifuges de l’opposition syrienne et affaibli l’alternative politique. Malgré tous ses crimes, Bachar al-Assad est ainsi encore un acteur légitime sur la scène internationale et, côté syrien, il est le seul. De ce fait, il est devenu, malheureusement, le bénéficiaire de l’internationalisation asymétrique du conflit entérinée par la Ligue arabe et Kofi Annan. Leurs plans de paix niaient dans les faits la réalité du peuple syrien en révolution, qui est représenté uniquement par ses parrains internationaux, au grand bénéfice de la propagande du régime. La réalité humaine de la révolte a aussi été sacrifiée aux intérêts des grandes puiss