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Libération
EDITORIAL

Réticence

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Le monde arabe en ébullitiondossier
publié le 15 août 2012 à 22h16

La France, parce qu’elle persiste à croire en des valeurs universelles, parce qu’elle a une histoire avec cette terre du Levant, et parce ce qu’elle a joué un rôle décisif pour chasser le tyran Kadhafi en Libye, ne peut échapper à l’affaire syrienne. Et il ne faut pas s’en cacher, la voix de la France, ces dernières semaines, n’y fut ni très audible ni très audacieuse. L’affirmation officielle du caractère strictement «humanitaire» de la tournée régionale qu’entame le ministre Laurent Fabius dit la réticence extrême de la France à faire de la politique dans une région jugée explosive. Il ne s’agit pas de s’engouffrer, sabres au clair, dans une aventure militaire inconsidérée. Une expédition occidentale conduite sans mandat du Conseil de sécurité, et donc sans légalité internationale, serait une pure folie aux dégâts collatéraux considérables. Non, la Syrie n’est pas la Libye. Deux des parrains d’Al-Assad - la Russie et la Chine - siègent au Conseil de sécurité, et des pans importants de la société syrienne s’opposent à l’insurrection. Cela change tout. Pour autant, la France a les moyens et le devoir de ne pas rester inerte en se donnant au moins trois objectifs.

1) Mener une vigoureuse action diplomatique en appui au monde arabe, qui paraît décidé à s’engager davantage dans le soutien aux insurgés. Il y va de leur sécurité régionale et de leur nouvelle responsabilité historique. C’est à eux d’agir en première ligne, comme l’Europe l’avait fait avec le Kosovo. La France peut