Menu
Libération
Récit

Dans l’archipel des camps de prisonniers russes

Article réservé aux abonnés
La Russie de Poutinedossier
La justice doit fixer aujourd’hui le sort des trois chanteuses de Pussy Riot, qui risquent trois ans de détention dans des prisons directement héritées du Goulag.
Des détenues dans un camp de prisonniers près de Krasnoïarsk, en Sibérie, en 2007. (PHOTO ILYA NAYMUSHIN. REUTERS)
publié le 16 août 2012 à 20h46

Si le juge satisfait aujourd'hui à la requête du procureur, les punkettes de Pussy Riot seront condamnées à trois ans de «camps à régime ordinaire» pour une prière anti-Poutine de trente secondes dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. «Je crains qu'elles ne soient dispersées dans différents établissements et, surtout, qu'elles se retrouvent dans un environnement hostile», s'inquiète Olga Romanova, journaliste devenue militante pour les droits des détenus. Il n'y a pas de camps dans la région de Moscou. Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch seront forcément envoyées loin de chez elles, et logées à la même enseigne que les consommateurs ou trafiquants de drogue qui composent aux deux tiers la nation zek (abréviation du mot «prisonnier» en russe, utilisé pour les détenus du Goulag).

Le système pénitentiaire russe est essentiellement constitué de «colonies», héritage direct du Goulag soviétique. Si les punkettes sont condamnées à la réclusion, elles rejoindront les 47 200 habitantes des 46 camps féminins, éparpillés partout en Russie (chiffres officiels de l’administration pénitentiaire).

Sur les 727 000 zeks, plus de 600 000 sont détenus dans des camps, de différents types. Le moins contraignant est le «camp de résidence» : les prisonniers vivent, travaillent et se déplacent sans surveillance dans une zone définie, au milieu de la population. Les camps à «régime ordinaire», «sévère» et «spécial» se distinguent par le nombre de