Toute l'année, c'est une retraite dorée américaine qui peuple la ville. Des mamies comme dans la série les Craquantes, teint usé et brûlé, des breloques clinquantes plein les bras et des caniches nains supportant les mêmes casquettes que leurs maîtresses, les unes comme les autres arborant néanmoins un port fier et altier. Je vois ces couples sillonner la plage infinie, à pas de fourmis et souvent hésitants, comme ralentis par le sable et les années. Des palmiers sont plantés de manière régulière et ordonnée sur le bord de mer. Les rues sont propres. Le shérif discute accoudé à sa voiture. Les armes sont en vente libre chez les bijoutiers. Mais la ville est tranquille.
Sauf au printemps.
Au printemps, la température monte d’un cran. Au pays du puritanisme roi, à cette période d’exode massif de la jeunesse américaine, la ville se transforme en un cocktail à base d’hormones en effusion concentrées dans un shaker dans lequel on ajouterait une bonne dose de DHEA. C’est le «Spring break» de Fort Lauderdale. Le climat devient lourd et lascif. Le rythme oscille, évolue et la ville devient alors une immense maison de retraite accueillant un groupe d’étudiants en médecine anatomique, en pleine séance de travaux pratiques.
Adieu l’éloge de la pudeur, au regard de ceux qui m’entourent, mon tailleur paraît bien désuet. Pas une hanche, pas une épaule, ni une cheville ne doit réchapper aux brûlants UV. Sur la promenade, déambulent à mes côtés les courbes rebondies des demoiselles à