La sévérité de la sentence à l'encontre des Pussy Riot a frappé les esprits par son caractère disproportionné. Libération a demandé à Anne Le Huérou, sociologue spécialiste de la Russie et maître de conférence à l'université de Nanterre, ce que l'on peut en déduire.
Pourquoi un tel verdict ?
C'est celui qui était attendu après le réquisitoire du procureur et depuis que l'affaire avait pris un tour si politique. En fait, depuis que les trois jeunes femmes avaient été arrêtées, car elles auraient pu aussi bien ne pas être détenues avant leur procès. Deux ans ferme, c'est très lourd. Elles sont condamnées pour «hooliganisme», une qualification servie en Russie à toutes les sauces, aussi bien pour condamner des auteurs de crimes racistes que des contestataires. La peine maximale encourue était de sept ans, le procureur avait demandé trois ans, elles en ont deux. Certains verront là un acte de clémence après les signaux envoyés par Vladimir Poutine. Ou l'effet de la mobilisation internationale. D'un côté, le pouvoir russe a voulu se montrer ferme, à l'écoute de la majorité orthodoxe ou aux côtés du patriarche. De l'autre, il n'a pas utilisé jusqu'au bout toute la panoplie répressive qu'il a à sa disposition.
Quel effet aura l’affaire sur l’Eglise et les croyants ?
Je ne pense pas que la majorité des croyants est derrière l’emprisonnement des trois jeunes femmes. Des intellectuels orthodoxes ont pris leur défense et fait circuler des pétitions. L’affaire est le signe d’une forte collusion entre pouvoir politique et hiérarchie orthodoxe et d’une e