Une action douteuse d'un groupe d'artistes contestataires marginales est devenue la première grande affaire du troisième mandat de Vladimir Poutine. Et le révélateur du durcissement réel de son régime. De fait, deux ans de camp pour une performance artistique de trente secondes peut sembler excessif. Accusé par les avocats de la défense d'être personnellement derrière la persécution des Pussy Riot, le président russe a fini par s'exprimer laconiquement, alors que le procès battait son plein. Le 2 août, en déplacement à Londres, Poutine a déclaré que les jeunes femmes «ne [devaient] pas être jugées si sévèrement pour leur action», espérant «qu'elles [tireraient] elles-mêmes les conclusions nécessaires». Pour Nikolaï Polozov, l'un des avocats de la défense, «cette déclaration a été faite à l'intention de l'Occident, pour calmer l'ardeur médiatique». Poutine a précisé que «c'est au tribunal de prendre la décision ultime». Et Polozov d'ironiser, en marge d'une audience : «Poutine a accompli son geste de clémence : les jeunes femmes encourent sept ans selon l'article de loi pour lequel elles sont jugées, le tribunal ne leur en donnera que cinq. Si ce n'est pas de la miséricorde…» Il ne croyait pas si bien dire.
«Biaisé». Pour Marc Feyguin et Violetta Volkova, les deux autres défenseurs des activistes, l'issue du procès renseigne sur l'ampleur du virage vers la dictature pris par le régime de Poutine. «Ce procès outr