Menu
Libération
Interview

«Les Pussy Riot se sont exposées à la fois à la vindicte de l’Eglise et de Poutine»

Article réservé aux abonnés
publié le 17 août 2012 à 18h36

Journaliste et essayiste spécialiste de la Russie, traductrice d'Anna Politkovskaïa dont elle était proche, Galia Ackerman

(photo DR)

participait ce vendredi au

à Paris en soutien aux Pussy Riot,

pour avoir chanté une prière contestataire contre Vladimir Poutine et contre la hiérarchie de l'Eglise dans une cathédrale de Moscou en février.

Ce jugement est-il une nouvelle étape dans la reprise en main entreprise par Vladimir Poutine après la contestation populaire née cet hiver ?

Le temps est à la répression, c'est évident. Pour un autocrate comme Poutine, la contestation populaire n'a tout simplement pas lieu d'être. Il a été ridiculisé après les législatives, traité de voleur, d'imposteur, et cela il ne peut l'accepter. Ce jugement, qui intervient après plusieurs mesures destinées à limiter la liberté de manifestation et d'expression (lire ici), témoigne de cette reprise en main. Il essaie de casser la contestation en mettant hors d'état de nuire ses représentants influents : les Pussy Riot, mais aussi le blogueur Alexei Navalny, que le parquet cherche à inculper pour une affaire de détournement et qui risque dix ans de détention, ou Sergueï Oudaltsov, le chef du Front de Gauche, arrêté au moindre prétexte.

Ce procès n’avait pas lieu d'être : pas de crime, pas de dommage matériel, même pas de vrais gros mots dans le texte prononcé... Au mieux, c’était un délit administratif. Dans un Etat réellement laïc, l’affaire aurait pu être expédiée avec une simple lettre de rappel à l’ordre de l’Eglise. En