L’Afrique du Sud s’est réveillée vendredi avec un sentiment mêlé d’horreur et d’incompréhension. La veille, 34 mineurs avaient trouvé la mort dans des affrontements avec la police. Depuis plusieurs jours, des violences ensanglantaient la mine de platine de Marikana, dans le nord-ouest du pays. Une façon pour les ouvriers, dont les conditions de vie et de travail sont restées misérables en dépit de la démocratisation de la société en 1994, d’exprimer leur frustration. Depuis le 12 août, les rivalités syndicales ont entraîné des pugilats, ayant fait au moins dix morts.
Exaspérés par l’immobilisme de leur direction, les travailleurs s’étaient réunis jeudi pour manifester une nouvelle fois leur mécontentement, espérant une revalorisation de leurs salaires. La police, qui voulait éviter une escalade de la violence entre mineurs, a décidé de s’interposer.
La police scientifique enquête, essayant de prouver la légitime défense plaidée par les policiers. Ces derniers assurent avoir riposté à «une agression lâche» des mineurs, armés de lances, de machettes et d'armes à feu. Mais, pour l'Institut sud-africain des relations entre les races, les policiers ont perdu toute raison : «Ils ont tiré au hasard dans la foule. Ils ont continué à tirer lorsque des corps ont commencé à tomber.»
Dans ce pays de plus de 50 millions d’habitants, la mémoire collective est encore hantée par les souvenirs de l’apartheid, régime raciste fondé sur la discrimination et l’oppression de la maj