Coincé depuis début juillet dans une étreinte mortelle, comme tout le centre d'Alep, le quartier sunnite de Bustan al-Qasr est remué quotidiennement par les tirs d'artillerie. Quand ce ne sont pas les obus de mortiers ou ceux des chars postés à l'ouest de la ville qui éventrent les habitations, ce sont les bombes qui font trembler tous les édifices. Au cœur du quartier, où les derniers habitants endurent le martyr venu des airs, le vieux cimetière d'Almusalla. Il est bordé d'un muret de pierres équarries. Abdallah en est le gardien : «On dirait pas, mais il y a encore de la place. Faut juste pousser les tombes et pas traîner lors des enterrements. On dirait qu'ils savent quand on enterre les gens, car ils bombardent toujours à ce moment-là.» Un incendie s'est déclaré au dernier étage d'un immeuble qui surplombe le cimetière, suite à un bombardement, il y a deux jours. Les flammes éclairaient en pleine nuit la mort.
Chapelet. Enterré le dimanche, un jeune homme tué dans la rue par des éclats l'a été une deuxième fois, quand un obus a retourné la terre dans laquelle il avait été enseveli anonymement. Le barbier Youssef a toujours vécu près du cimetière. Il ouvre chaque jour et même pendant l'Aïd, la fête marquant la fin du ramadan. Pour l'équivalent de deux euros, Yasser est venu se faire rafraîchir les joues. Le barbier, rasoir en main, sort dans la rue, alerté par le survol d'un avion de l'armée.
Le client interroge : «Qui a la vé