La mégapole de São Paulo n'a pas de centre. Ce n'est pas grave, elle en a plusieurs. Elle en a bien l'habitude, puisqu'elle s'étend ainsi, cahin-chaos, depuis ses origines, lorsqu'elle était encore un village fondé en 1554, mais déjà millionnaire en termes d'habitants, dès 1928. São Paulo a la réputation d'être laid. Même si les critères esthétiques sont subjectifs, on admet qu'il n'a pas un physique facile avec ses câbles qui quadrillent le ciel, le gris de sa pollution qui s'infiltre visiblement, et ses parkings qui s'étendent, souvent en construction, comme s'il y avait encore de la place pour plus d'autos, alors que déjà elles stagnent plusieurs heures par jour. Les embouteillages ont de l'avenir. Il y a quelques mois, les habitants d'Higienópolis, un quartier bourgeois et ancien, ont manifesté contre l'ouverture d'une station de métro dans leur périmètre. Ils craignaient l'arrivée de «pauvres et de leur odeur de barbecue». Moins de piétons que de voitures, même si les trottoirs existent parfois. Chaque habitation a en charge l'entretien de son morceau, ce qui permet des variations, contrairement aux villes françaises condamnées à l'identique.
La fumée dans le visage
On est sortie de la rue Amazonas, dans le quartier de Bom Retiro, et on est arrivée au centre de la ville en trois minutes, en traversant le parc Luz. Car São Paulo a bien un centre, mais à l'échelle de la ville il est minuscule. Il s'appelle Luz, «la lumière», n'est-ce pas charmant ? Et entre Bom Retiro et Luz, il y a deux