Au bout d'une piste caillouteuse, au sommet d'un village caché sous les plantations de bananiers, des hommes en uniforme se reposent, accoudés sur leur kalachnikov. Ce sont des rebelles du M23, ce groupe qui a fait défection de l'armée congolaise en avril. Ils gardent l'entrée du camp militaire de Rumangabo, abandonné par leurs anciens frères d'armes. Au-dessus de leur tête, une fière inscription d'un autre temps, peinte en lettres rouges : «Centre de brassage et de recyclage».Cette ancienne caserne, construite par les ex-colons belges, est l'une des plus grandes du Nord-Kivu. Un poste stratégique à la frontière du Rwanda, en haut des collines en camaïeu de verts, pour observer l'arrivée des ennemis.
Les 2 400 soldats des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) postés à Rumangabo n'ont pas attendu de voir arriver les rebelles pour fuir. Le major Albert (1) a dévalé la piste, à pied, avec ses hommes et sa couverture, lorsqu'on l'a prévenu que les insurgés avaient attaqué la caserne de Bunagana, à une cinquantaine de kilomètres. Pris de peur, les villageois ont suivi à la hâte ce cortège d'hommes armés, leurs supposés protecteurs. Ils remplissent aujourd'hui les rangs des 200 000 déplacés de la région depuis le mois d'avril. «A Bunagana, ils avaient des armes d'appui, raconte le major. Nous, nous n'avions même pas un fusil pour chaque soldat, alors on est partis.»
Tapis de paille. Depuis ce dimanche 8 juillet, le s