Les rayonnages avec leurs in-quarto soigneusement rangés recouvrent tous les murs du bureau. «Il y a là tous mes livres, j'en connais chaque recoin et chacun a son histoire», explique le théologien de haut vol qui, devenu le 264e successeur de Pierre, s'est installé dans les appartements pontificaux avec toute sa bibliothèque et même sa vieille table de travail achetée au début des années 50. Et bien sûr son piano où il joue des sonates de Mozart. C'est dans cette pièce que Benoît XVI aime à écrire, dans la solitude et veillé par ses chats, comme il l'a toujours fait. Surtout quand il s'agit d'un discours difficile, comme celui qu'il vient de prononcer ce 12 juin 2010 devant 15 000 prêtres réunis place Saint-Pierre à Rome où, pour la première fois, le pape a explicitement «demandé avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées» pour les abus sexuels commis par les prêtres «à l'égard des petits». Des mots très lourds, au diapason de la gravité de ces affaires qui secouent l'Eglise depuis quatre ans, une vague partie d'Irlande qui a gagné les Etats-Unis, le Mexique et le Brésil, la Belgique ou les Pays-Bas, ainsi que sa chère Allemagne. «Oui c'est une grande crise et nous avons tous été bouleversés. On aurait presque dit un cratère de volcan d'où surgissait soudain un immense nuage de poussière qui assombrissait et salissait tout, si bien que toute la prêtrise apparut comme un lieu de honte et que chaque prêtre fut soupçonné
Rétroportrait
Benoît XVI, 73 ans. Pape à part
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Benoît XVI en décembre 2010. (Giampiero Sposito / Reuters)
par Marc Semo
publié le 26 août 2012 à 19h06
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