Après 17 mois et 20 000 victimes, le conflit syrien ne donne aucun signe de répit, et inquiète toujours davantage le voisin turc. Alliée de Damas jusque-là, la Turquie avait placé ses bonnes relations avec la Syrie au centre d’une audacieuse politique de rapprochement avec le monde musulman, avec l’objectif d’émerger en nouvelle puissance régionale. Si les printemps arabes ont dans un premier temps donné le sentiment que ce pari pouvait être gagné, la crise en Syrie, où la Turquie s’enlise, semble conduire Ankara dans une série d’impasses.
Les perspectives semblaient pourtant prometteuses. Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement AKP (islamiste «modéré») a engagé la Turquie dans de vastes réformes : notamment l'essai (inabouti) d'ouverture sur la question kurde, ou la réduction du rôle de l'armée dans la vie politique. En économie, la libéralisation engagée par les prédécesseurs de l'AKP a permis un remarquable boom économique. Les entreprises turques investissent à l'international et le rythme de croissance du pays avoisine les 10% ; la Turquie devient la 17e puissance économique mondiale et fait son entrée dans le club du G20. Forte de ses performances, elle ambitionne alors de participer à la gouvernance mondiale, à commencer par son environnement moyen-oriental. Son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu, met en place une politique de «zéro problème avec les voisins».
Cette politique a connu d’incontestables réussites, comme l’amélioration des relation