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Libération
Reportage

«Père et fils à la guerre, où on voit ça ? Pays de tarés»

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Jusqu’à l’assaut des forces syriennes, dimanche, Abou Mohammed et ses hommes de l’Armée libre étaient repliés dans une mosquée d’Alep. Seuls avec leur dépit.
Abou Mohammed, ex sous-officier de l’armée régulière, devenu l’un des leaders rebelles de l’Armée syrienne libre. (Photo Olivier Voisin.Promethee Media)
publié le 28 août 2012 à 20h36

La Vieille Ville se trouve en lisière d’Azizieh, le quartier chrétien d’Alep où retentit l’angélus entre les tirs incessants des snipers. Ici, la nuit n’est tolérée qu’entre 3 heures et l’appel électrique du muezzin à 4 h 15, moment où l’artillerie de 122 mm des troupes gouvernementales, postée à 10 kilomètres à l’ouest de là, fait refroidir ses affûts, avant que les pièces ne renouent avec leur ressac mortel sur les coups de 5 heures. La petite mosquée, aux murs aussi épais que ceux de la citadelle de Carcassonne, tout près de la placette Al-Tananari, est un sanctuaire obscur et étouffé entre les immeubles de pierres aux balcons en gros bois ouvragés à l’herminette. Le commandant Abou Mohammed, 48 ans, à la tête d’une grosse quarantaine d’hommes originaires du nord d’Alep, a choisi ce repli pour son plafond en ogive de 2 mètres d’épaisseur. Cela fait six jours que les soldats de cet ancien sous-officier, déserteur de l’armée régulière et originaire des quartiers ouest d’Alep, ont pris ce quartier historique.

Sous surveillance. Abou Mohammed a passé deux ans à Anvers «comme réfugié politique», avant de rejoindre l'Armée syrienne libre en début d'année. Il y a dix jours, alors qu'ils viennent de repousser l'armée régulière dans un terrible combat de rues, il est alerté par un de ses hommes : ces derniers ont arrêté, disent-ils, une jeune femme contrôlée à 2 heures du matin dans la Vielle Ville. Seule, précisent-ils. La fille raconte qu'elle va cherche