Il n'y aura plus de défilé de lolitas en Antioquia. Le gouverneur de ce vaste département colombien, dont Medellín est la capitale, a interdit par décret les concours de beauté dans les écoles, collèges et lycées de sa juridiction. «L'école est faite pour apprendre, pas pour défiler», a statué l'élu et prof de maths, Sergio Fajardo. C'est une petite révolution culturelle, dans un pays habitué à retenir son souffle lors du concours annuel de Miss Colombie. Les reality-shows organisés autour des élections de reines régionales font le plein de téléspectateurs et les défilés de paires de jambes sont singés à tous les niveaux : lors des fêtes de quartier, dans les prisons de femmes, les collèges huppés… Dès la maternelle parfois, des petites filles prennent la pause en maillot de bain.
L'interdiction du gouverneur a enflammé les passions. Certains ont dénoncé une mesure «d'opportunisme politique», voire une fatwa pudibonde. «Interdira-t-on aussi la gymnastique en justaucorps et l'usage de jupes trop courtes ?» a été jusqu'à s'interroger un éditorialiste. De son côté, l'industrie du textile, qui brasse des millions de dollars lors de sa semaine annuelle de défilés à Medellín, s'inquiète du «message négatif» envoyé au secteur. Pour la journaliste et ponte de la mode locale Pilar Castaño, la décision risque de pousser les adolescentes à «délaisser le soin de soi». «Il faut apprendre aux filles à être féminines et vani