Les soufis peuvent à nouveau prier sans crainte en Somalie. A l'appel du muezzin, ils sont des dizaines à affluer, chaussés de sandales et vêtus de ma'awis - tissu noué autour de la taille que portent traditionnellement les hommes -, dans le quartier Karaan, dans le nord de Mogadiscio, où une mosquée les accueille désormais. Certains se souviennent des menaces qu'ils recevaient et affirment qu'ils vivaient constamment la peur au ventre. «Nous sommes très fiers de retourner dans nos madrasas [écoles coraniques, ndlr] et nos mosquées, déclare l'un d'eux, Mohammed Cheikh Nour. Les gens qui avaient fui reviennent maintenant.»
En Somalie, le soufisme a traditionnellement modéré les ardeurs de l’islam. Ses fidèles pratiquent notamment le culte des saints, enterrés dans des mausolées auxquels les pèlerins viennent rendre hommage. Ils organisent aussi des cérémonies où danses et chants participent d’une mystique particulière.
A l’inverse, fidèles à leur vision rigoriste issue du wahhabisme, les shebab, qui revendiquent par ailleurs leur affiliation à Al-Qaeda, affirment lutter contre ces manifestations «d’idolâtrie». Ils leur ont ainsi déclaré la guerre, assassinant des hauts dignitaires et excavant des tombeaux parfois vieux de plusieurs centaines d’années. Ils ont aussi interdit la musique, le qat (plante euphorisante très prisée) et imposé des châtiments corporels contre qui braverait ces règles.
Vocation. Mais, aujourd'hui, les s