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Libération

Le héros américain (chronique intimiste)

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publié le 30 août 2012 à 19h06
(mis à jour le 31 août 2012 à 10h48)

Aux mythologies de l’histoire états-unienne (qui, force de frappe oblige, est notre histoire à tous), il fallut donc la semaine passée, à l’occasion de la disparition de Neil Armstrong, graver pour de nouvelles générations une ligne supplémentaire. Au jeu toujours recommencé du «T’étais où, quand John Fitzgerald Kennedy a été assassiné ?», actualisé en «Tu faisais quoi, le 11 septembre 2001, tandis que les Twin Towers…», il fallut donc s’essorer les méninges pour tenter de répondre à la question universellement commémorative : «Et toi, lorsque le premier homme marcha sur la Lune, tu étais où, tu faisais quoi ?»

Au risque de modestement décevoir, force m'est d'admettre que, lors de cette nuit du 20 au 21 juillet 1969 de mon adolescence parisienne, sur les coups de deux ou trois heures du matin, j'étais dans mon lit et je dormais. Ou, plus prosaïquement, au risque même de choquer mes contemporains, tant notre universelle propension à réécrire l'histoire pour se glisser dedans est prégnante, que je ne me souviens plus. Sans doute serais-je fondé à me remémorer quelque tentative parentale de réveil des mioches afin qu'ils «participent» à l'événement doublement historique (la Lune conquise et surtout - surtout, à l'échelle de nos vies ordinaires - la télé acquise) ; je reste pourtant infoutu d'affirmer que mes vieux, qui travaillaient dur, assistèrent eux-mêmes en direct au «petit pas / bond de géant».

Ce dont je reste plus apte à me souvenir, c'est que, depuis ces années