Dans les locaux de l’association Kitab Wa Sounnah, trois jeunes hommes, casques sur les oreilles et micro devant la bouche, répondent aux questions anxieuses de réfugiés syriens en attente de soutien matériel ou financier, ou composent les numéros des heureux élus appelés à venir chercher des dons. A l’extérieur du bâtiment, des dizaines d’exilés, agglutinés devant un petit guichet, brandissent dans un vaste brouhaha leur carte d’identité, preuve des affres qu’ils viennent d’endurer pour fuir leur pays en guerre.
Parmi les femmes présentes, beaucoup ont caché leur visage sous un niqab noir, et les hommes ont commencé à se laisser pousser la barbe. Par tradition ou par imprégnation de cette association islamiste de tendance salafiste qui a désormais la haute main sur l’aide aux réfugiés syriens.
La Jordanie, qui est l’un des principaux pays d’accueil des Syriens, a vu affluer, depuis un an et demi, 140 000 personnes, selon les chiffres transmis par les autorités d’Amman. Entre 300 et 1 500 exilés pénètrent tous les jours par la frontière nord. Une fois sur le sol jordanien, l’aide s’organise à travers un conglomérat d’associations caritatives officielles ou privées. Les organisations islamistes sont aussi entrées dans la brèche, avec Kitab Wa Sounnah en tête de pont. A Amman, elle compte 5 000 familles syriennes dans son registre de bénéficiaires. Au total, elle vient en aide à 70 000 Syriens répartis sur l’ensemble du pays.
Priorités. Vêtu d'une longue tunique