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Libération
Reportage

En Tunisie, Ennahda se braque au fil des couacs

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Confronté à un mécontentement grandissant, le parti islamiste au pouvoir crie au complot et durcit son discours sur les mœurs.
Manifestation en soutien à Ennahda le 7 septembre 2012. (Photo Anis Mili. Reuters)
publié le 7 septembre 2012 à 21h46

Au centre de l'esplanade de la Kasbah, juste en face du gouvernement, les banderoles tendues vendredi réclament le «jugement des corrompus». Les quelques milliers de manifestants présents répètent un mot d'ordre à double sens - «Ekbess» («Serre la vis» et «Grouille-toi») - adressé au gouvernement et lancé sur Facebook par un collectif proche des islamistes. Voire très proche, même s'il s'en défend : la plupart des manifestants sont des sympathisants de ce courant, et notamment d'Ennahda, le parti au pouvoir.

Cadres et députés du parti sont même venus grossir la foule et prendre la parole à la tribune. C'est un membre du bureau exécutif d'Ennahda, Habib Ellouze, qui se colle à la prière célébrée sur la place publique, pratique pourtant proscrite par les autorités. «Nous sommes là pour demander l'exclusion des anciens RCDistes [les ex-membres du parti de Ben Ali, ndlr], ces politiciens et ces hommes d'affaires qui nous ont pourris la vie. Ils sont encore partout, le gouvernement n'est pas assez sévère avec eux», estime Issam Gayes, «un peu sympathisant» d'Ennahda, sans lui «faire confiance à 100%». «Le gouvernement doit assurer ses responsabilités et entamer une stratégie d'épuration, conforme au droit», affirme pour sa part Sami Triki, membre du bureau politique. Preuve de la menace, selon les manifestants : «Les RCDistes se regroupentde nouveau pour revenir dans la vie politique.» Dans le viseu