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Libération
TRIBUNE

La femme pakistanaise victime de l’islam, un discours qui se vend bien

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Des écrivaines face à l'islam (3/5). Tous les vendredi jusqu'à fin septembre, Libération demande à des auteurs de témoigner sur le fait d'"être une femme" en Iran, en Turquie, au Liban ou au Maroc.
par Maha Khan Philips, Ecrivaine pakistanaise
publié le 13 septembre 2012 à 19h06

Mettons d’emblée les choses au clair. Dans mon pays, les femmes souffrent. On a recensé au cours de l’année passée plus de huit mille cas de violences contre les femmes au Pakistan. Meurtres, viols, brutalités domestiques, crimes d’honneur, et, cerise sur le gâteau, blessures à l’acide, selon Amnesty International. Le fait qu’il s’agisse uniquement de statistiques, qui ne reflètent qu’une fraction du nombre réel des agressions, aggrave le constat.

Les mauvais traitements subis par les femmes pakistanaises relèvent d’un éventail de comportements, qui vont du patriarcat à la misogynie pure et simple. Toutefois, avant le 11 Septembre, leur sort laissait le monde indifférent. Le Pakistan était considéré comme un de ces pays obscurs où se produisent de vilaines choses. Tout cela a changé. Mon pays a pris de l’importance et, pour beaucoup, l’islam est devenu un épouvantail.

Un certain discours a commencé à prendre forme. Vu du monde extérieur, les femmes des pays musulmans sont des victimes : victimes de leur religion, opprimées par des hommes autorisés par l'islam à les détruire. C'est un discours qui se vend bien. A la fin des années 80, l'Américaine Betty Mahmoody a publié ses mémoires : Jamais sans ma fille, où elle décrit comment sa fille et elle ont été retenues prisonnières en Iran contre leur volonté, par son mari et la famille de celui-ci. Et comment elles ont réussi à fuir. Le livre est devenu un best-seller international, et un film, malgré les critiques qui lui