C'est loin d'être le premier drame de l'immigration clandestine, depuis la révolution. Mais celui-ci, par son ampleur, a marqué les esprits, secoué la Tunisie. Dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 septembre, un bateau parti de Sfax, avec plus de 100 personnes à son bord, a coulé non loin de l'île italienne de Lampedusa. Seules 56 personnes ont pu en réchapper, deux cadavres ont été repêchés. Pour les autres, rien. Pas même un débris de coque.
Le drame a réveillé leur douleur : jeudi midi, quelques dizaines de familles de disparus ont manifesté à Tunis, pour réclamer «des réponses». Eux, ça fait plus d'un an qu'ils tournent en rond, à la recherche de la vérité. Leurs enfants sont partis dans les premières semaines après la chute de Ben Ali, début 2011, au plus fort du pic migratoire qui a suivi la révolution : 28 000 Tunisiens, selon le Haut Commissariat aux réfugiés, ont embarqué pour l'Italie l'an dernier. Toutes nationalités confondues, 1 500 migrants sont morts en Méditerranée.
Quelque 300 Tunisiens sont toujours portés disparus, estime le réseau Boats4People. «Sont-ils décédés ? Vivants ? On ne sait rien», déplore Heger Ayachi, mère de deux harr