En 1997, Jean Paul II avait déplacé les foules. Les chrétiens libanais, affaiblis au sortir de la guerre civile (1975-1990) et inquiets de la tutelle syrienne, étaient venus en masse assister à la messe en plein air. Joumana, qui tient une librairie religieuse à Beyrouth, avait suivi l'événement à la télévision. «C'était de la folie, assure cette catholique. Il y avait des musulmans et des chrétiens partout. J'espère qu'il y aura autant de monde cette année.» Les organisateurs disent attendre au moins 300 000 fidèles, dimanche, pour la messe qui sera célébrée par Benoît XVI dans le centre de Beyrouth. Un bain de foule en papamobile - arrivée il y a plusieurs semaines - est prévu avant la cérémonie.
Si le contexte est différent, les chrétiens du Moyen-Orient, comme il y a quinze ans, sont inquiets. La région a été bouleversée par les printemps arabes qui ont porté des islamistes au pouvoir en Tunisie et en Egypte. La Syrie est déchirée par un conflit qui déborde sur le Liban voisin. Après les milliers de chrétiens d'Irak arrivés depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003, le Liban accueille plus de 70 000 réfugiés syriens. Parmi eux, des chrétiens, discrets, dont le nombre est impossible à évaluer. «La communauté vit difficilement les répercussions des printemps arabes, confirme le père René Chamussy, qui était jusqu'à cet été le recteur de l'université Saint-Joseph à Beyrouth. Elle a peur des Frères musulmans et des salafistes. Il est important