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Libération
Interview

Pas de printemps pour les chrétiens du Proche-Orient

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publié le 14 septembre 2012 à 19h07

Au lendemain des révolutions arabes, Mathieu Guidère, islamologue, professeur des universités (Toulouse-II) et directeur de recherche, vient de publier un Atlas des pays arabes. Alors que Benoît XVI est actuellement en visite au Liban, il fait le point sur la situation des chrétiens dans la région.

Quelle est la signification de cette visite ?

Elle a une triple signification. Symbolique d’abord, car le pape est censé représenter la voix d’une communauté et d’une grande religion. Politique ensuite, car il s’agit en même temps d’une visite d’Etat effectuée par le chef du Vatican dans un pays multiconfessionnel. Enfin, ce voyage est diplomatique car il répond à une demande pressante des chrétiens d’Orient, à un moment critique de leur histoire dans cette région du monde.

Pourquoi au Liban ?

Ce pays est le seul du Proche-Orient où la communauté chrétienne est reconnue et admise comme composante essentielle de la nation, du gouvernement et du corps social. Elle figure sur un pied d’égalité avec les autres communautés, tandis que, dans les autres pays arabes, les chrétiens sont une minorité religieuse parmi d’autres.

De plus, la position géostratégique du Liban au cœur du Proche-Orient, et notamment par rapport à la Syrie voisine, fait du pays du Cèdre une destination à la fois incontournable pour le pape et à haut risque pour la communauté chrétienne : certes, cette visite conforte la présence chrétienne sur place, mais elle attire l’attention sur la fragilité de sa situation. Ce déplacement s’apparente ainsi à un exercice d’équilibriste