Depuis plus d’un an, des voix fortes se font entendre dans le débat public allemand pour défendre l’idée qu’une avancée fédérale européenne est indispensable. La France est restée très timide sur le sujet, et ce n’est pas le discours de rentrée de François Hollande, qualifié de churchillien par certains, qui change la donne : pas un mot sur l’Europe ! Cette stratégie d’évitement met en danger l’avenir de la construction européenne, obère les perspectives de croissance de la zone euro et donc de la France, et alimente le schisme entre euroconvaincus et eurosceptiques dans notre pays.
Une «révolution» est nécessaire en Europe pour sortir de la crise par le haut et avancer vers une union politique, déclare le ministre des Finances Wolfgang Schaüble dès novembre 2011, en poussant l'idée d'élire le président de la Commission européenne au suffrage universel. Angela Merkel reprend le flambeau dans une interview parue dans cinq journaux européens le 25 janvier (dont le Monde), où elle précise sa vision pour l'avenir de l'Europe : elle sera politique ou ne sera pas, avec plus de compétences transférées à la Commission et un Parlement européen fort. A Berlin, c'est la surprise et les diplomates considèrent que cette interview fera date. En France, c'est le silence radio, les candidats Nicolas Sarkozy et François Hollande ayant une élection à gagner !
La chancelière continue pourtant à s’inviter implicitement dans la politique française, pendant la campagne pour les législative