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Sabra et Chatila : trente ans de misère et d’exclusion

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Alors qu’est célébrée la mémoire des victimes du massacre, les Palestiniens du Liban, privés de nombreux droits, sont maintenus en marge de la société. La majorité vit dans des camps surpeuplés, où affluent à présent des réfugiés de Syrie.
publié le 17 septembre 2012 à 20h36

Entre deux coupures de courant, l’ampoule qui pend du plafond éclaire le salon. Les visages des morts sont partout, figés dans des photomontages accrochés aux murs. Une fille, un fils, une montagne enneigée. Samiha Hijazi, 74 ans, fait servir le café. Il a un goût salé, comme ses larmes. A Chatila, c’est de l’eau de mer qui sort des robinets, s’incruste dans les petites tasses blanches. Le 16 septembre 1982, Samiha Hijazi a perdu plusieurs membres de sa famille. Ce jour-là, des miliciens chrétiens des Forces libanaises entrent dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, dans le sud de Beyrouth. Leur chef, Bachir Gemayel, tout juste élu président, a été assassiné deux jours plus tôt. Pendant trois jours et deux nuits, ils massacrent hommes, femmes, enfants. Le carnage se déroule à huis clos, ou presque. Les Israéliens, engagés aux côtés des chrétiens libanais face aux factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), sont là, tout autour du camp. Lorsque les miliciens n’y voient plus assez, la nuit, ils tirent des fusées éclairantes.

Entre 800 et 5 000 civils ont été tués, selon les sources. Le massacre a provoqué un émoi international. Pourtant, trente ans après, alors que des célébrations sont organisées en mémoire des victimes, la majorité des Palestiniens du Liban vit toujours dans une profonde pauvreté, en marge de la société, dans des camps surpeuplés où affluent à présent des réfugiés fuyant la Syrie.

Mohamed Srour, 50 ans, habite juste au-dessus du li