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Analyse

Téhéran investit dans la colère islamiste

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Profitant des violences après le film anti-islam, le régime iranien augmente sa récompense à celui qui tuera Salman Rushdie.
A Beyrouth, au Liban, aussi, le Hezbollah a appelé à manifester, le 17 septembre 2012, contre le film mettant en cause le prophète Mohamed. (Photo Sharif Karim. Reuters)
publié le 17 septembre 2012 à 22h26

On l'avait oubliée, cette fondation religieuse iranienne, dite du 15 Khordad qui, de la fin des années 80 à celle des années 90, appelait régulièrement tous les musulmans à assassiner l'écrivain britannique Salman Rushdie pour son livre les Versets sataniques, jugé blasphématoire. A la surprise générale, elle a refait surface, en portant la prime à 3,3 millions de dollars (2,5 millions d'euros), soit 500 000 de plus que lors de la dernière surenchère, en octobre 1998.

«Poison». C'est encore l'ayatollah Hassan Sanei qui a lancé ce nouvel appel au meurtre, relayé par les agences officielles iraniennes. «Tant que l'ordre historique de Khomeiny de tuer l'apostat Salman Rushdie […] n'aura pas été exécuté, les attaques [contre l'islam] comme celle de ce film offensant le prophète [l'Innocence des musulmans, ndlr] se poursuivront. L'ordre de le tuer avait été donné pour éradiquer les racines de la conspiration anti-islamique. Il serait très approprié de l'exécuter en ce moment», a lancé ce proche du Guide suprême Ali Khamenei.

Les précédentes menaces de mort et la fatwa originelle de Khomeiny obéissaient à des considérations de politique intérieure ou de géopolitique. Lorsque le père de la révolution iranienne avait lancé sa fatwa, en février 1989, il s'agissait pour lui de faire oublier la paix sans gloire signée avec l'Irak quelques mois auparavant, qu'il avait résumée en disant avoir été contraint «d'avaler le poison».