Quelques jours au Bahreïn. C’est trop peu pour décrire, comprendre, analyser. Mais l’indifférence que suscite l’insurrection en cours sur la plus petite île-Etat du monde arabe impose, aussi imparfait soit-il, le témoignage. Certains journalistes courageusement infiltrés en ont rapporté des reportages édifiants. Une parole supplémentaire n’est pas de trop.
Comme dans la plupart des régimes autoritaires, on peut ne rien voir : certains quartiers de la capitale, Manama, sont d’un calme absolu. Les centres commerciaux, les quartiers d’affaires et la partie sud du pays, livrée au désert et à l’industrie pétrolière, sont conformes à la représentation que le régime cherche à donner du royaume. Par l’imposant pont qui relie Bahreïn à l’Arabie Saoudite, des Saoudiens rejoignent les boutiques et les cabarets de l’île. Les rares touristes occidentaux déambulent dans les souks où ils peuvent marchander le prix d’une fausse Rolex auprès d’un Indien et, s’ils aiment l’aventure, s’encanailler avec une prostituée chinoise dans l’un des nombreux bars à hôtesses de Manama.
Mais on ne peut ignorer les graffitis hostiles au régime qui ornent les murs du pays. S'y écrit en arabe (parfois en anglais) une opposition radicale à l'égard du régime et en particulier du roi, Hamad ben Issa al-Khalifa, et de son Premier ministre et oncle, Khalifa ben Salman al-Khalifa, en poste depuis… 1971. Des inscriptions exigent la libération des prisonniers d'opinion, soumis aux mauvais traitements voire à la tortur