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Libération
TRIBUNE

En France, le blasphème n’existe plus

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Le monde arabe en ébullitiondossier
par Hubert Lesaffre, Docteur en droit public et conseiller parlementaire.
publié le 18 septembre 2012 à 19h08

Non, contrairement à ce qu’envisagent certains éditorialistes, les exactions qui ont suivi la diffusion d’un pamphlet contre Mahomet sur Internet ne sauraient en aucun cas commander l’ouverture d’un débat sur les limites de la liberté d’expression.

Indépendamment de la médiocrité des images et des propos en cause dont les quelques minutes encore accessibles sur Internet montrent combien l'on est loin de la Vie de Brian des Monty Python, il faut bien mesurer une chose : non seulement il n'existe plus de délit de blasphème en France depuis 1791 puis 1881, mais encore, dans une république laïque, il n'existe tout simplement pas de blasphème.

La liberté d’expression ne saurait donc être limitée par la liberté de croyance. La seule limite en ce domaine est le respect de l’ordre public, qui prohibe l’incitation à la haine, la discrimination, ou encore l’incitation à la violence à l’égard non pas d’une religion, mais des personnes qui la pratiquent. La nuance peut paraître subtile mais elle est fondamentale, c’est le citoyen que protège la république, pas sa croyance.

Or, il faut bien mesurer que cette conception est loin d’être partagée par tous. L’Organisation de la conférence islamique (OCI) est le fer de lance du combat qui vise à faire condamner au sein des instances onusiennes l’utilisation de la liberté d’expression à des fins qu’elle juge blasphématoires. A chacune des réunions de ses ministres des Affaires étrangères, la Conférence adopte ainsi systématiquement depui