Il y a un an naissait à New York le mouvement Occupy Wall Street, proche de par ses idéaux, sa spontanéité et ses campements en pleine ville, des Indignés espagnols. Todd Gitlin
(photo DR)
, essayiste américain lui-même ancien activiste au sein des mouvements sociaux des années 60, aujourd'hui professeur de sociologie et de journalisme à Columbia University, a enquêté auprès des militants d'Occupy. Il en a tiré au printemps un livre,
Occupy Nation: the Roots, the Spirit, and the Promise of Occupy Wall Street
(non traduit encore en français, extraits en anglais
[ ici ]
).
Après un an d’existence, peut-on dire qu'Occupy Wall Street a été un succès ?
Oui. Occupy a été été un succès, et en même temps c'est un mouvement en pleine crise. On peut dire qu'il a réussi, d'abord, dans la mesure où il a conduit à un changement de culture politique. La rhétorique d'Occupy s'est popularisée. Des formules comme «les 99%» [par rapport au «1%» d'ultraprivilégiés, ndlr], l'idée que la société est dominée par une ploutocratie qui s'approprie les richesses au détriment du plus grand nombre, sont des thèmes qui ont trouvé une résonance.
Le mouvement a aussi remporté quelques victoires concrètes locales, comme l’annulation de décisions de saisies immobilières. Occupy a aussi eu un impact direct sur la campagne. Le mouvement a par exemple conduit Newt Gingrich à présenter Mitt Romney comme un archétype de la prédation capitaliste, ce qui ne l’a pas tellement aidé lui-même et encore moins Romney, mais a certainement aidé la campagne de Barack Obama. De son côté,