Menu
Libération
Interview

«Il est temps de passer à Occupy Wall Street 2.0»

Article réservé aux abonnés
Le mouvement né à New York il y a tout juste un an va devoir s'ouvrir à de nouveaux cercles s'il veut survivre, analyse l'essayiste américain Todd Gitlin.
Les militants d'Occupy Wall Street près de de la Bourse de New York, en avril. (Photo Andrew Burton. Reuters)
publié le 18 septembre 2012 à 10h50

Il y a un an naissait à New York le mouvement Occupy Wall Street, proche de par ses idéaux, sa spontanéité et ses campements en pleine ville, des Indignés espagnols. Todd Gitlin

(photo DR)

, essayiste américain lui-même ancien activiste au sein des mouvements sociaux des années 60, aujourd'hui professeur de sociologie et de journalisme à Columbia University, a enquêté auprès des militants d'Occupy. Il en a tiré au printemps un livre,

Occupy Nation: the Roots, the Spirit, and the Promise of Occupy Wall Street

(non traduit encore en français, extraits en anglais

).

Après un an d’existence, peut-on dire qu'Occupy Wall Street a été un succès ?

Oui. Occupy a été été un succès, et en même temps c'est un mouvement en pleine crise. On peut dire qu'il a réussi, d'abord, dans la mesure où il a conduit à un changement de culture politique. La rhétorique d'Occupy s'est popularisée. Des formules comme «les 99%» [par rapport au «1%» d'ultraprivilégiés, ndlr], l'idée que la société est dominée par une ploutocratie qui s'approprie les richesses au détriment du plus grand nombre, sont des thèmes qui ont trouvé une résonance.

Le mouvement a aussi remporté quelques victoires concrètes locales, comme l’annulation de décisions de saisies immobilières. Occupy a aussi eu un impact direct sur la campagne. Le mouvement a par exemple conduit Newt Gingrich à présenter Mitt Romney comme un archétype de la prédation capitaliste, ce qui ne l’a pas tellement aidé lui-même et encore moins Romney, mais a certainement aidé la campagne de Barack Obama. De son côté,