Parmi les nombreux contentieux qui opposent la Corée du Sud au Japon, Dokdo figure en bonne place. Ignorerait-on l’existence de cet îlot volcanique minuscule dont les deux pays se disputent la souveraineté que l’actualité du mois d’août s’est chargée de nous la rappeler. Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, s’y est rendu en personne, causant une crise diplomatique avec Tokyo. Et, aux Jeux olympiques de Londres, le footballeur Park Jong-woo a cru bon de fêter sa médaille de bronze en brandissant face aux caméras du monde entier un panneau proclamant «Dokdo est à nous !».
C'est que, même si elle se pose depuis soixante ans, la question de Dokdo passionne toujours l'opinion coréenne. Sans parler d'innombrables documentaires, deux romans de politique-fiction sont récemment sortis sur le sujet, la Catastrophe Dokdo de Kim Kyeong-jin (2008) et la Guerre des deux îles de Kim Pyeong-wook (juillet 2012). Comme, dans les deux cas, la Corée force le Japon à renoncer une fois pour toutes à ses prétentions, ils se sont très bien vendus.
Pour autant, s’agissant de deux des puissances les plus high-tech de la planète, cette affaire est-elle vraiment sérieuse ? En fait, Dokdo est révélateur d’une peur profondément ancrée dans la conscience collective des Coréens : celle d’une reconquête de leur pays par le Japon. L’histoire ne leur donne pas tort. Au premier millénaire, l’archipel jouait grosso modo pour la Corée le même rôle que la Sicile vis-à-vis de la Grèce antique :