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Libération
Des écrivaines face à l’islam (4/5)

La «qibla» ou le vagin

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Tous les vendredis jusqu'à fin septembre, Libération demande à des auteurs de témoigner sur le fait d'«être une femme» en Iran, en Turquie, au Liban ou au Maroc.
par Joumana Haddad, Ecrivaine libanaise
publié le 20 septembre 2012 à 19h06

Il était musulman. Et il était marié. Ni l’un ni l’autre ne l’empêchait d’être un merveilleux amant. Tout au contraire. Il avait le sang chaud des Arabes auquel s’ajoutaient les frustrations torrides découlant des rapports conjugaux : un vrai cocktail explosif.

Cependant le type était bizarre. Et c'est peu dire. La première chose qu'il faisait après m'avoir déshabillée, chaque fois que nous allions dans un hôtel pour «consommer» notre union illégitime, était de chercher la flèche de la Ka'aba sur le plafond de la chambre : vous savez, ce signe qui situe La Mecque et indique aux braves croyants dans quelle direction ils doivent se tourner pour prier face à la Ville sainte.

Et comme il priait ! Quand le moment de la prière venait, il sortait prestement du lit de nos péchés, encore nu et laissant derrière lui de petites gouttes de sperme, et il faisait ses ablutions. Puis il recouvrait d'une serviette la région entre son nombril et ses genoux, se tournait vers la qibla, et se plongeait dans la Fatihah. Après quoi il revenait, avalait une gorgée de champagne et reprenait sa «tâche mortelle» avec un enthousiasme spirituel renouvelé.

Au début, j’étais déconcertée et trouvais la scène plutôt tordante, dans le genre bizarre, subversif. C’était un musulman marié, commettant l’adultère et buvant de l’alcool, et qui ne manquait aucune des prières quotidiennes que son Prophète lui avait recommandées afin d’assurer son entrée au Paradis. Cela dit, je passai bientô