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Libération

Islam : l’Etat pakistanais pris à son propre jeu

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Blasphème. Un ministre offre 100 000 dollars pour la tête du réalisateur de «l’Innocence des musulmans».
publié le 23 septembre 2012 à 22h26

Cent mille dollars (77 000 euros) pour la tête du «blasphémateur» : c'est la récompense promise - et prise sur ses propres deniers - par le ministre pakistanais des Chemins de fer, Ghulam Ahmad Bilour, contre le réalisateur du film américain l'Innocence des musulmans qui ridiculise le prophète Mahomet. Causant la stupeur dans son gouvernement, le ministre a même exhorté «les talibans et les frères d'Al-Qaeda à participer à cette noble action». Très embarrassé, le gouvernement d'Islamabad, officiellement allié aux Occidentaux et aux Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, s'est rapidement distancé de cette annonce.

Violences. Mais l'exécutif et le président Ali Asif Zardari ne sont pas quittes : ils sont accusés depuis ce week-end d'instrumentaliser la polémique à des fins électorales dans la perspective des élections. Méprisé par une majorité de la population pour la corruption et l'incapacité de son équipe à gérer le pays, Zardari a cru dans son intérêt de favoriser les partis islamistes de sa fragile coalition qui, dans cette affaire, jettent de l'huile sur le feu.

En déclarant vendredi jour férié pour aller manifester, il leur a donné carte blanche pour perpétrer des violences. Même si cette journée a été très meurtrière (21 morts, plus de 200 blessés) et a causé des destructions importantes dans plusieurs villes, les dizaines de milliers de manifestants, sur plus de 180 millions d’habitants, ne représentaient pas la majorité des