C’est une diplomatie grise, une diplomatie du double jeu. Tantôt ostensible, visible dans ses grandes manœuvres, tantôt secrète. Ouvertement pro-occidentale mais finançant des groupes salafistes comme celui de Abdelhakim Belhaj en Libye, voire en contact avec des associations liées à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). C’est aussi une diplomatie qui se définit en creux, par rapport à son puissant voisin, l’Arabie Saoudite qui n’a jamais totalement accepté son indépendance et qu’elle n’a pourtant jamais cessé d’agacer et même de défier.
En 1971, quand les micro-Etats du Golfe s’émancipent de la tutelle anglaise, Riyad escompte bien que le Qatar, lui aussi wahhabite, tombe dans son escarcelle. Toute la politique de l’émir sera de lui échapper. D’où une assurance-vie contractée avec les Etats-Unis. Ceux-ci obtiennent d’installer en 2003, dans la base d’Al-Udeid, le QG avancé du Commandement central pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale (Centcom) et, récemment, un nouveau radar antimissiles au regard des menaces iraniennes.
Passion. Mais ce partenariat privilégié avec Washington finit par être pesant. D'où un rapprochement avec d'autres pays occidentaux. Notamment la France. Dès les années Mitterrand, Paris assure 90% des fournitures militaires du petit émirat. Doha s'emploie alors à une politique d'équilibriste entre les mondes chiite et sunnite. Mieux, il accueille aussi bien le chef du Hamas, Khaled Mechaal, qu'une représentation israélienne. Avec Paris, la